Le papier

L’avènement du numérique devait sonner le glas du papier sur nos bureaux. Hélas, près de trois décennies après cette hasardeuse prédiction, le papier envahit plus que jamais notre espace. La consommation de papier en France a été multipliée par 10 depuis 1950.

Chaque employé de bureau consomme en moyenne 70 kg de papier par an (Source ELISE - Entreprise Locale d’Insertion au Service de l’Environnement)

Bien entendu, nous ne pouvons qu’encourager la réduction de consommation de papier comme premier critère. Car produire du papier a un coût environnemental, l’imprimer en a un autre, le recycler un autre encore. Nous allons tenter d’y voir plus clair dans l’impact environnemental du papier.

Dans le monde, 1 arbre abattu sur 5 est consommé par l’industrie papetière (Source : Rapport « Paper Cuts – Recovering the Paper Landscape » du Worldwatch Institute)

La fabrication du papier

La majeure partie du papier est produite par la transformation du bois en pâte. Pour sa part, le bois est constitué pour moitié environ de fibres de cellulose ; il est transformé en pâte par des procédés chimiques ou mécaniques :
- la pâte chimique est obtenue en cuisant du bois en présence de sulfate ; elle donnera des papiers à la fois les plus solides et les plus aptes au recyclage
- pour ce qui est du traitement mécanique, il consiste à laminer le bois en fibres, donnant une pâte de moins bonne qualité

Les principaux reproches faits à l’industrie papetière et les améliorations constatées :

- Contribution à la déforestation

Il faut 2 à 3 tonnes de bois pour fabriquer une tonne de papier classique (Source GreenPeace). 250 000 hectares de forêt tropicale disparaissent chaque semaine à travers le monde, cela représente 25 fois la superficie de Paris (source WWF).

A ce jour, 80% des forêts primaires ont disparu sur la planète sous les coups de l’activité humaine (Source : World Resources Institute, Washington D.C.). L’industrie papetière a sa part dans ce bilan. Pour autant, elle fait des efforts pour limiter cette pression sur les forêts en s’imposant une gestion raisonnée de la ressource (voir "Choisir un papier issu d’une forêt gérée de manière durable" ci-dessous). Selon l’AFDP (Association francaise des distributeurs de papier), l’essentiel du papier consommé en France est labellisé. Pour autant, 10% des papiers utilisés en France seraient d’origines douteuses, via des importations lointaines (source WWF).

Récemment, les agissements de l’AAP (Asian Pulp and Paper), le plus gros fabricant de pâte à papier d’Indonésie, ont été dénoncées par l’AACC (Association des Agences Conseil en Communication) qui propose, via sa commission de développement durable, de :
  • Créer des outils de traçabilité sur l’origine des pâtes à papier
  • Créer une liste noire des entreprises qui ne respectent pas les règles d’usages
  • Une évolution des écolabels basée dur des critères indiscutables

(pour en savoir plus, voir le communiqué de l’AACC sur la déforestation illégale des forêts indonésiennes en bas de cette page)

- Emploi et rejet de substances toxiques dans la nature

Le chlore a longtemps été utilisé par l’industrie papetière comme principal agent de blanchiment, or les rejets de chlore élémentaire sont très polluants. Afin de réduire cette pollution, de nouvelles techniques plus respectueuses de l’environnement ont vu le jour :

- le blanchiment sans chlore : aucune utilisation de chlore gazeux (papier TCF : Totaly Chlorine Free)
- le blanchiment sans chlore élémentaire : la pâte à papier est blanchie à l’aide de dérivés du chlore (dioxyde de chlore, l’ozone ou le peroxyde d’hydrogène) (papier ECF : Elementary Chlorine Free)

Note : les composés chlorés produits lors du blanchiment au dioxyde de chlore sont biodégradables.

- Industrie grosse consommatrice d’eau

L’industrie papetière se classe au 2nd rang européen en consommation d’eau douce (source Commission européenne, 2001)

Dans le processus de fabrication du papier, il faut de l’eau pour extraire la cellulose des fibres du bois. Pour palier ce problème, un nombre croissant de papetiers recycle l’eau en circuit fermé et la réutilise pour ses propres besoins.

- Industrie grosse consommatrice d’énergie

La production d’une feuille de papier nécessite environ 17 Watts/heure (Wh). A titre de comparaison, la production de papier recyclé nécessite moins d’énergie, soit 12 Wh (Source Energy Star). La production de papier consomme nettement plus d’énergie que celle nécessaire pour l’imprimer. Compte tenu de cette activité énergivore, le secteur est le premier utilisateur de biomasse, constituée des sous-produits du processus de production (liqueurs de cuisson, écorces).

Entre 1980 et 2000, le remplacement progressif des énergies fossiles par la biomasse a permis de diviser par 2 la quantité de CO2 émise par tonne de papier produite (source Confederation francaise de l’industrie des papiers, cartons et celluloses)
L’industrie papetière et de l’imprimerie serait à l’origine de 1,05% des émissions globales de gaz a effet de serre (Source Dexia Asset Management)

Recommandations :

On croyait à tort que l’informatique aiderait à réduire la consommation de papier. Il n’en est hélas rien. La seule messagerie électronique représente 10% des pages imprimées par les salariés français, soit 4 milliards de pages chaque année (source Ipsos - 2008)

Dans ce contexte, la première de nos recommandations est de réduire au maximum sa consommation de papier. La feuille de papier qui aura le moins d’impact environnemental est celle que vous n’utiliserez pas

Comment immédiatement diviser par deux sa consommation de papier sans aucun investissement coûteux et sans effort ?
- en paramétrant toutes les imprimantes en mode recto/verso par défaut

- Choisir un papier issu d’une forêt gérée de manière durable

Comme pour les équipements informatiques, les forêts (et donc les papiers) ont leurs écolabels quand ils sont issus de forêts gérées de manière durable. Deux labels existent à ce jour pour les forêts gérées de manière durable : le label FSC, créé en 1993 par le WWF et le label PEFC qui l’a suivi en 1999. Choisir un papier issu de bois provenant d’une forêt gérée de manière durable est donc un excellent premier pas. Pour autant, comme on le verra ci-dessous, choisir un papier recyclé dont le bois est issu d’une forêt certifiée est encore un meilleur choix.

Attention : le papier certifié PEFC ne garanti pas qu’il soit recyclé et l’écolabel FSC garanti à la fois le papier recyclé et non recyclé.

- Choisir un papier recyclé

Le papier recyclé, c’est du papier comprenant au moins 50% de fibres provenant de déchets de papier.

Produire du papier à partir de vieux papiers nécessite 7 fois moins d’énergie et 20 fois moins d’eau qu’à partir du bois (Source ELISE)

D’après l’AFDP, plus de la moitie des papiers commercialisés aujourd’hui est recyclée, au moins partiellement. Il existe plusieurs types de papiers recyclés selon la méthode employée :

- selon le taux de fibres recyclées par rapport au taux de fibres vierges (de 50% à 100%)
- selon les traitements subis au cours du recyclage : le papier peut être désencré ou non, blanchi ou non

Le papier peut être recyclé jusqu’à cinq fois sans que sa qualité en soit altérée. Une tonne de papier récupéré ne permet de produire que 900 kg de papier recyclé, soit une perte de 10% à chaque recyclage (Source Wikipédia)

Le plus écologique est évidemment le papier 100% recyclé, non désencré, non blanchi. Il est de couleur gris-beige clair ; sa production permet d’économiser 90% de l’eau utilisée pour un papier traditionnel. En dépit de ses avantages, il représente a l’heure actuelle moins de 10% des ventes des papetiers.

Les écolabels qui certifient le papier comme étant recyclé :

- le label allemand Blue Angel qui garantit un un papier 100% recyclé (dont au moins 65% de fibres recyclés postconsommation) et une production propre
- le label français APUR (Association des Producteurs et Utilisateurs de papier-cartons Recyclés) qui garantit le taux de fibres de récupération
- l’écolabel européen certifie le papier d’impression
- Le label Choix Environnemental certifie aussi le papier
- L’écolabel nordique du Cygne Blanc certifie également le papier d’impression
- L’écolabel officiel NF Environnement

- Le tri du papier

- Papier éligible pour le recyclage : tous les papiers écriture/impression, blocs-notes, enveloppes sans fenêtre plastique, dossiers et chemises en carton, listings ordinateur, imprimés ordinaires, revues, magazines et journaux
- Papier non recyclable : étiquettes autocollantes, papier fax (papier thermosensible), enveloppes avec fenêtre plastique, papier paraffiné (papiers alimentaires), serviettes et mouchoirs en papier, toute vaisselle jetable, tous emballages de nourriture

- Vrai / Faux

- Le papier recyclé coûte plus cher : faux. Il peut même coûter moins cher que le papier non recyclé selon les fournisseurs et les quantités

- Le papier recyclé est mauvais pour les machines : faux. De gros progrès ont été effectués depuis les premiers papier recyclés

Rédacteur : Eric Drezet

- Outils pour réduire l’impression

Pour réduire le volume d’impression (source : GreenIt) :
-PrinfFriendly  : application web gratuite permettant de nettoyer facilement un document web avant impression pour limiter le nombre de pages
- PrintWhatYouLike  : une autre application web gratuite permettant de nettoyer facilement un document web
- GreenPrint  : application à installer permettant elle aussi de nettoyer un document web mais également un document issu d’un traitement de texte avant de lancer l’impression

Ressources complémentaires :

- L’éco-fiche sur les forêt du WWF France
- Forêts tropicales : un trésor dillapidé
- La déforestation en Indonésie
- La déforestation illégale des forêts indonésiennes pour la fabrication de la pâte à papier
- Un article très documenté sur le site de l’ONG "Les amis de la Terre"
- Un calculateur pour évaluer certains impacts environnementaux du papier
- Le papier en chiffres
- Réduire l’impact écologique de l’industrie du papier
- Réflexions sur le papier chez Clairefontaine


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